Je suis née en 1983. Elle est née en 2008. Je suis devenue maman grâce à elle. J’avais 24 ans. Ce moment précis, à 19h07, pourrai être assimilé à un cataclysme dans ma vie de jeune femme. Un tsunami de sentiments. Et de doutes aussi.
J’ai versé une larme. Plusieurs en fait, sans savoir que ce serai le début de larmes non maîtrisées, d’inquiétudes irrationnelles, de doutes et de remise en question. Une vie de maman.
Nous avons 24 ans d’écart. C’est peu et tellement à la fois. Suffisamment peu pour que je m’émerveille avec elle de petites choses du quotidien, une histoire de princesse qui fait rêver et briller les yeux, réveiller mon âme d’enfant enfouit en devenant adulte. Mais c’est aussi suffisamment grand pour que parfois je ne la comprenne pas, qu’elle s’éloigne de cette relation que nous tissons depuis bientôt 7 ans.
Elle grandit et je ne m’y fais pas toujours. Elle éclôt à chaque nouvelle étape dans sa vie de petite fille. La rentrée scolaire, les premières peines d’amitié, le premier spectacle de danse, la première classe de mer et prochainement la première colonie.
A chacune de ses étapes, elle forge un peu plus son caractère, ses goûts, ses envies.
Maman curieuse, maman inquiète, je lui pose des questions, tente d’en savoir plus, d’être à son écoute et d’instaurer une relation de confiance.
Pourtant, du haut de ses presque 7 ans, elle se ferme pour garder de plus en plus ses secrets. Elle vit des choses pour elle, sans désirer le partager avec moi.
Normal.
Elle s’enferme dans sa chambre pour écouter Christine and the queens. Elle écrit dans un carnet. Elle dessine ses propres rêves.
Je l’observe du coin de la porte et je voudrais en savoir plus. Limite décortiquer ce qu’elle pense et ressent pour le prendre pour moi, pour qu’au détour de ses rêveries, elle n’éborgne pas son petit coeur de toute petite fille.
Nous avons 24 ans d’écart. C’est peu mais beaucoup. Je ne la comprend pas toujours et je dois avouer qu’il me faut prendre sur moi pour lui laisser de l’espace. Je n’aime pas me séparer d’elle. Elle en a besoin pour grandir.
Elle aurai aimé être fille unique mais même si elle ne s’en rend pas compte, elle a de la chance d’avoir un petit frère et une petite soeur. Ses deux petits qui la suivent partout m’empêchent de trop penser à cet écart qui se creuse parce que ma toute petite devient grande.
Ils sont encore dans la petite enfance pendant qu’elle glisse vers la pré adolescence. Ils ont encore besoin de moi pour les gestes du quotidien pendant qu’elle demande de plus en plus d’autonomie mais surtout d’indépendance.
Elle avance doucement vers l’âge de raison. Celui que l’on qualifie de décisif dans la construction de son soi. A 7 ans, elle écrira dans son carnet ce qu’elle aimerait vivre, de quoi ses rêves de mi-petite mi-grande sont fait.
Je dois rester dans le coin de la porte pour l’observer et la laisser grandir. Ce coin de porte qui parfois est inconfortable mais auquel je dois m’habituer. Parce qu’elle a fait de moi une maman, je vis tout un tas de première fois beaucoup plus complexes que les premiers pas de sa soeur, la première fois à vélo de son petit frère.
Je pense que cet écart de 24 petites années serait aussi particulier si nous en avions moins ou plus. Juste parce que c’est la première. Ma toute petite qui devient grande. On se focalise sur les premières fois d’un bébé, d’un enfant en bas âge et on oublie trop souvent de parler de ces première fois de « grande » qui construisent l’être et qui feront d’elle la jeune femme qu’elle désire devenir (Styliste pour le moment, mais viendra le moment où elle voudra être maîtresse ou chanteuse aussi ;))
Heureusement pour moi, maman poule en apprentissage permanent, nous n’en sommes pas encore là !
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