Le débat de la tétine

Il est indéniable que les nourrissons, bébés et enfants ont un besoin de sucions, visant à les rassurer principalement. Quand je suis tombée enceinte de ma première fille, j’avoue ne pas m’être posée la question du pouce ou de la tétine. J’ai acheté des « susus » comme on les appelle à la maison. N’ayant pas allaité, elle les a adopté rapidement et naturellement. Puis à 3 ans 1/2, elle les a donné au Père Noel. Quelques jours d’adaptation et de déchirement pour elle comme pour moi avaient été nécessaire pour lui permettre de se « sevrer » de cette succion rassurante et quotidienne. Une semaine tout au plus.

Quand son frère est né. Pareil, je ne me suis pas posée de question. Il a pris les susus et vers 4 mois et demi, il a choisi son doudou avec Woody, héros de Toy Story. Le duo « woody-susu » était indispensable a la sieste, au moment de calme et au coucher en général. Puis ce lundi 5 janvier, son message a été clair : « Pas susu maman, c’est beurk, mets à la poubelle ! ».

Surprise, je ne manque pas de poser la question plusieurs fois, de lui proposer, mais non, il est déterminé, il faut les mettre à la poubelle. Je les ai toutes rangées (oui pas jetées, faut rester prudent lol). Il a alors fait 6 jours sans susus, ne la demandant pas mais ayant de grosses difficultés à s’apaiser et à s’endormir. J’ai tenu, aidée de Papa Geek pour ne pas lui redonner, jusqu’à dimanche… !

Encore un coucher difficile, Petit M en venait à même rejeter Woody, me disant que c’était sale aussi. Rien ne le calmait, il était très agité, alors j’ai pris le parti de lui reproposer sa susu. Il l’a accueilli avec le sourire, a repris son Woody et s’est endormi en moins de 10 minutes, sereinement. Et en même temps, il l’a posé le matin et n’a plus demandé après jusqu’au moment du coucher de la sieste. Ce côté « je veux-je veux pas » m’a amené à me poser des questions sur ma conduite à tenir, sur ce que je voulais pour lui, sur ce qu’il voulait lui aussi. Bref, un questionnement de maman parmi tant d’autres

Alors la question se pose : oui la tétine est pleine de bactérie et de microbes (pas plus que les jouets et le doudou d’ailleurs ;)), oui ce n’est pas particulièrement joli (quoique j’avoue que j’adore la susu moustache de Mam ;)), oui ça a certainement des effets sur le palais et le placement des dents (et la j’émets un doute quand même, en tout cas pas plus pas moins que le pouce je pense), mais en même temps, son coté rassurant n’a pu être contesté. Alors pour ou contre ?

Au gré de mes lectures et de mes recherches sur le sujet, voici les « arguments » que j’ai pu glaner :

Les « contre » : 

- La sucette augment les risques d’otite : apparemment, il existerai un lien prouvé entre l’utilisation prolongée de la tétine et les infections de l’oreille.

- Elle provoqueraient des maux de ventre : l’utilisation de la tétine a été associée à des symptômes plus importants comme des vomissements, de la fièvre, de la diarrhée, et des coliques.

- Des difficultés d’élocution : utiliser une sucette empêche les bébés de babiller, une étape importante dans l’apprentissage de la parole . Elle décourage les petits enfants de parler, ce dont ils besoin pour l’apprentissage du langage.

Les « pour » :

- La sucette de bébé l’apaise, le calme, le réconforte et peut aussi le faire un peu patienter avant le repas.

- Elle favorise par exemple le développement des muscles de la bouche des bébés nés prématurément.

- Le mécanisme de succion avec la sucette permettrait notamment de soulager les coliques du nourrisson.

Evidemment, j’ai voulu en savoir plus sur les avis de « spécialistes » et mes recherches m’ont faites bondir ! La psychanalyste Myriam Szejer déclare en 2011 dans Psychologies Magazine que « la tétine est une réponse idiote à une violence sociale, la grande souffrance des femmes. Que ce soit en post-partum, isolées, en tête à tête avec leur nourrisson dont elles ne comprennent pas les cris (…) ». Euh comment dire … ?! Non, en fait No Comment !

A contrario, la pédopsychiatre Yvonne Coinçon tord le coup à ces idées reçues et met en lumière la nécessité de mesurer son utilisation mais de ne pas la brimer non plus. Comme elle le dit, « la tétine est avant tout une source d’apaisement pour l’enfant »,  car la succion répond à un besoin physiologique de l’enfant. Quant aux freins dans l’apprentissage du langage, elle dit une chose simple (qui à mon sens, coule de source en fait), « il faut seulement dire à son enfant qu’on ne le comprend pas quand il l’a dans la bouche. ». (Source : Le Parisien)

Bref, il y a les pro tétines, les anti tétines. C’est un débat transgénérationnel, qui existe également sur le pouce d’ailleurs.

Donc pour mon Petit M et le fait de lui avoir redonné après 6 jours « d’abstinence », certains diront que nous avons « cédé », d’autres diront que c’est bien car il n’est pas « prêt ». Puis comme pour Princesse T, la scolarisation aura forcément un impact sur son utilisation et son besoin de succion. Non pas que l’école soit là pour ça, mais l’autonomie et l’apprentissage de la vie en société répondront naturellement à son évolution et ce besoin, non ?! ;-).

Ce que je n’aime pas dans tout ce que j’ai lu, que ce soit pour les contre ou les pour, c’est ce ton de vérité absolue employé dans les articles. On lit alors des avis (trop) tranchés et déguisés en conseils pédiatriques et journalistiques, ce qui peut devenir culpabilisant pour une maman, qu’elle soit pour ou contre d’ailleurs.

Alors, poser cette question à notre ami Google, lire sur ce fameux « débat » m’a rappelé que le meilleur conseil que je pouvais suivre était encore mon instinct de maman et l’écoute que j’apporte à mon enfant ! Bon, puis c’est vrai que j’ai encore le temps de me positionner, Petite Fleur a lâché le pouce pour la susu, rendez vous dans deux ans pour la suite !