Une chose que l’on nous livre avec la maternité, sans trop vraiment nous prévenir, c’est la culpabilité. Evidemment, dans les ouvrages sur la grossesse et l’aventure de la maternité, on ne nous en parle pas. On nous parle des sentiments type tsunamis, la fameuse vague d’amour pour son enfant. On nous parle aussi des nuits difficiles, de la rééducation du périnée… Puis au fil des mois, on va nous parler de la parentalité positive, de la bienveillance, de ce qu’il est bon de faire ou de ne pas faire, des apprentissages. Sauf que, dans ces moments du quotidien, entre les rires et les découvertes, la fatigue et les petites ou grandes difficultés, on a affaire à la culpabilité. Ce sentiment, lourd ou léger selon l’instant, qui nous assaille très souvent, qui nous tord le ventre et qui nous met surtout la pression.
En tant que mère de trois enfants, j’ai souvent rencontré ma cop’s la Culpabilité. Quand mon fils ne supportait pas de dormir sur le dos, je l’ai donc mis sur le ventre. Il a dormi comme un ange, a retrouvé un sommeil serein et moi, j’ai gagné un coup de poing à l’estomac de la Culpabilité ! Bouh ! il ne faut pas mettre son enfant sur le ventre ! C’est pas bien, c’est mauvais, c’est maaalll !
Puis quand ma petite dernière était en combat quotidien contre les RGO, j’avoue ne pas avoir pris la peine de lui mettre des jolies tenues. Pour qu’elle vomisse dessus dans les 10 minutes, je n’en voyais pas l’intérêt et ma pile de linge étouffait déjà sous le poids du retard que j’accumulais ! Mais voilà, Madame Culpabilité n’était jamais très loin ! Quelle mère médiocre de laisser sa fille en pyj avec un bavoir autour du cou en permanence ! Et hop ! une nouvelle pichenette de la Culpabilité !
Ce ne sont que des exemples assez banals, mais la Culpabilité est en fait partout quand on est maman. Si l’on fait bien ou mal, si l’on a des doutes et dernièrement, j’ai expérimenté le must de la mère coupable : Laisser ses enfants pendant plusieurs jours pour ne penser qu’à soi, rien qu’à soi et profiter !
Dans les premières heures, Madame Culpabilité a essayé de me gâcher mon plaisir ! Oui évidemment ! Une mère poule digne de ce nom ne se sépare jamais de sa progéniture ! Même si elle a besoin de souffler, même si cela peut faire du bien aussi à ses enfants !
Non c’est comme ça, gravé dans la pierre, si on laisse ses enfants, on se sent coupable !
Et si mon fils avait un chagrin ? Je ne serai pas là pour le consoler !
Et si ma fille trébuchait et s’écorchait le genou ? Je ne serai pas là pour lui faire un câlin et un bisou magique !
Et si ma grande avait du mal à trouver sa place en colo ? Je ne serai pas là pour la rassurer !
Et si, et si, et si ….
Et puis en fait non ! Mon fils a eu un chagrin. Sa mamie lui a fait un gros câlin. Ma fille a trébuché en trottinette. Son papi l’a consolée. Ma grande a eu un coup de spleen le soir en se couchant. Elle a serré fort son doudou et a pensé à moi pour ensuite s’endormir et mieux jouer le lendemain avec ses copines.
Tout ça, je ne l’ai su qu’après. Et de mon côté ?
J’ai mis la mère coupable au placard. Quand j’ai vu pendant les premières heures de séparation qu’elle voulait m’assaillir de coups au coeur, je l’ai balayé d’un revers de pensée. Je l’ai faite toute petite pour la ranger au fond d’un placard. C’était douloureux. La mauvaise, elle me piquait le coeur et le corps dès que je l’éloignais de moi. Foutue Madame Culpabilité !
Puis à force de l’éloigner, de penser à autre chose qu’à mes enfants, j’ai réussi à fermer la porte de ce placard. Délivrée, j’ai alors pu profiter.
Oh rassurez vous, rien de bien transcendant ! Juste la simplicité de moments en amoureux, à deux. Retour en arrière. Retrouvailles des amoureux, qui ne sont plus parents juste quelques instants. On se balade, on s’occupe de la maison, on discute, on savoure un bon vin, on se fait une soirée télé. Du normal au goût d’extraordinaire.
Le pire que j’ai pu ressentir qui fait faire des bons à Madame Culpabilité, c’est que j’ai kiffé ! J’ai aimé ces moments sans enfants, j’ai aimé me retrouver avec mon amoureux. J’ai savouré ne pas entendre de cris, de chamailleries. J’ai apprécié me balader sans sortir mon radar 360° pour enfants.
J’ai dormi sans réveil nocturne. J’ai mangé de la porn food sans me soucier du mot « équilibré », j’ai bu du vin à en avoir la tête qui tourne. J’ai adoré, sans culpabilité !
Parce que le meilleur dans tout ça, c’est qu’en mettant la mère coupable au placard, j’ai récupéré mes petits avec le joie et le bonheur de la mère reposée. J’ai ouvert grands mes oreilles pour les entendre crier. J’ai ouvert grands mes yeux pour les regarder sauter partout.
En les laissant quelques jours, j’ai eu le loisir de vivre ma vie.
En les récupérant, j’ai eu le plaisir de remplir à nouveau ma maison de vie.
C’est un peu un dédoublement de personnalité. Mère imparfaite qui jongle entre sentiments paradoxaux. Femme normale qui se balance sur la ligne de la maternité.
Puis j’ai tellement bien fermé à clé le placard de la mère coupable, que j’ai décidé de la laisser dedans. Je recommence l’expérience le mois prochain et cet été. S’éloigner pour mieux se retrouver. La clé du bonheur non ?! ;)
PS : rassurez vous les enfants vont bien et veulent même repartir en vacances et en colo ! ;)
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