Le reste de leur vie de Jean-Paul Didierlaurent

La couverture un peu en relief, donne la sensation de pouvoir toucher ce cadre accroché au mur. Le titre est ainsi exposé pour attiser la curiosité. Le reste de leur vie.

Jean-Paul Didierlaurent ici signe son second roman et j’ai eu le plaisir de le lire, découvrant ainsi cet auteur, qui m’était jusqu’alors inconnu (oui oui, je ne savais pas qu’il était l’auteur du Liseur de 6h27, livre que j’ai pourtant souvent vu en librairie ! ;)).

C’est une sorte de conte moderne que nous propose Jean-Paul Didierlaurent en nous présentant Manelle, aide à domicile et Ambroise, thanatopracteur. Une qui est une aide à la vie. L’autre qui est une aide à la mort. Ces deux personnages, aussi touchants que singuliers, vont se retrouver, par le hasard de la vie, dans un roadtrip savoureux, improbable et résolument bouleversant.

Voici le résumé pour que vous puissiez avoir une idée de l’histoire et je vous livre mon avis juste après.

Manille, jeune aide à domicile, s’occupe des vivants tandis qu’Ambroise, thanatopracteur par vocation, rend la mort présentable. A l’âge des questions sur la vie, ils consacrent la leur à faire du bien à de plus cabossés qu’eux, des gens comme tout le monde et toujours uniques. 

Au fil de hasards qui n’en sont pas, le vieux Samuel va permettre leur rencontre. Et d’une ville à l’autre, un joyeux roatrip en corbillard s’engage, à la recherche d’un improbable dénouement… 

Ce conte moderne régnèrent se révèle une ode à la vie et à l’amour, à l’image d’Ambroise, le thanatopracteur amoureux des vivants. Et tout lecteur fermera ce roman heureux, ému et réparé. 

Le pitch donne envie et intrigue sur ces rencontres improbables. Je dois avouer que l’univers de la thanatopraxie m’était inconnu et j’étais frileuse à l’idée de le découvrir. Puis, l’histoire de jeunes gens qui se rencontrent, de roadtrip, de questions sur la vie… ce n’est pas ce qui manque dans la littérature française ou étrangère d’ailleurs.

Alors, j’ai entamé la lecture sans apriori mais sans engouement non plus. Pourtant…

Il a suffit de quelques pages pour que je sois emportée dans les histoires de ces personnages. Ces deux jeunes gens cabossés, avec des fêlures qui sont universelles, sont touchant de vérité. On aborde alors leurs doutes sur l’Amour, les cicatrices de leur coeur, leur façon de vivre un métier peu apprécié ou méconnu. Et on se laisse emporter.

Manille forme un duo avec Samuel, un vieil homme qu’elle aide au quotidien et qui porte en lui une histoire tragique du passé.

Ambroise forme un duo avec sa grand-mère Beth, rigolote, pleine de facétie et en même temps, si lucide sur la valeur de la vie.

La plume de Jean-Paul Didierlaurent est légère. On découvre le thanatopracteur et ses actes qui relèvent presque du secret des morts, mais ce n’est pas morbide pour autant. On se rend surtout compte qu’il faut aimer la vie pour sublimer la mort. C’est joliment réel sans fioritures.

« Ils étaient venus avec la mort pour cinquième passager et repartaient sens elle. Quatre êtres qui, de toute leur existence, ne s’étaient jamais sentis aussi vivants. »

Les chapitres sont relativement courts ce qui m’a permis de voir défiler l’histoire sans ennui. J’ai sauté d’un chapitre à l’autre, avec l’envie irrépressible de connaitre la suite, d’en apprendre plus sur ces personnages que nous pourrions croiser dans nos vies quotidiennes. Le rythme emporte et les chutes ne sont pas prévisibles. Ce qui rend la lecture existante. Que va décider Manelle ? Samuel va-t-il mener à bien son projet ? Ambroise arrivera-t-il à aimer sans honte de qui il est et faire confiance ?

Ma sensibilité a été mis à rude épreuve à plusieurs moments dans le livre et honnêtement, je suis contente de l’avoir dévoré en une soirée, histoire de pleurer tranquillement comme une madeleine, émue par cet ôde à la vie. Vraiment, ce roman intergénérationnel permet de s’identifier à un des personnages ou d’identifier certains de nos proches.

Puis outre le côté jolie histoire avec une happy end comme je les aime, on en vient à se questionner sur d’autres choses plus profondes comme la vieillesse, le droit de mourir dans la dignité

J’ai passé un très bon moment en compagnie de Manelle, Ambroise, Beth et Samuel. C’est un livre qui fait vraiment du bien. Une histoire qui parle simplement mais sincérité des humains, dans leur simplicité et leur complexité aussi. Alors la promesse a été tenue : j’ai fermé ce livre ravie et heureuse. Réparée je n’irai pas jusque là mais c’est un roman résolument optimiste qui m’a dévoilé la plume de Jean-Paul Didierlaurent et donné envie de partir prochainement dans l’exploration de Le Liseur de 6h27. :)

Le reste de leur vie de Jean-Paul Didierlaurent, paru le 2 mai 2016

272 pages - Editions Au diable vauvert

Version papier : 17€ - Version numérique : 9,99€ sur Amazon 

Merci aux Editions Au diable Vauvert pour cette lecture.