Les démons du passé

Aujourd’hui, tout juste réveillée de ma longue nuit (merci chéri de m’avoir laissé faire la grasse mat’ ! :)), j’ai reçu un message d’une ancienne connaissance. Ce message m’est arrivé en pleine tête, sans m’y attendre et surtout sans m’en rendre compte, à réveiller des vieux démons que j’avais mis des années à enfouir au fond de moi.

En 2007, je suis tombée enceinte de ma grande, Princesse T. Ma première grossesse, mes premiers pas de future maman, mes premiers pas dans le monde du travail en tant que femme enceinte… et ils ont laissés des traces !

Si vous avez suivi un peu, je suis assistante sociale de profession. Pendant ma première grossesse, j’exerçais dans une structure de service à la personne. C’était top, le contact avec les bénéficiaires, les relations avec les partenaires, les visites à domicile à travers ce beau département du Var… je me sentais bien dans ce travail et comme c’était une petite association, l’ambiance était familiale et vraiment sympa. Forcément, dans cette ambiance, les collègues et patrons deviennent des « amis », on fait des projets, on se soutient… On prévoyait même de créer une société ensemble, bref, un job qui me plaisait et m’épanouissait ! Alors quand j’ai appris ma grossesse, compte tenu de mon parcours gynécologique chaotique  j’ai sauté de joie, j’ai pleuré, j’ai laissé éclater ma joie et mon excitation de porter la vie…J’ai voulu la partager cette belle nouvelle, avec ma famille dans un premier temps puis avec mes collègues, ceux qui partageait mon quotidien et avec qui je délirais en dehors du travail !

L’annonce de cette belle nouvelle a été une chute ! et brutale la chute, parce que je ne m’attendais pas à descendre aux enfers, petite jeunette de 24 ans, primipare et fragile que j’étais ! Aujourd’hui, je l’affirme et l’assume, j’ai subi du harcèlement moral et des pressions de la part de mon employeur et de mes collègues. Les visites à domicile et les milliers de kilomètres réalisés chaque semaine me provoquait des contractions (trop) précoces, puis le stress des comportements qui change a « bloqué » la croissance de ma fille, j’ai développé un excédent anormal de liquide amniotique…mais le pire, je m’en voulais de ne plus être à la hauteur aux yeux de mon employeur avec ces remarques désobligeantes. « Tu n’as qu’à faire une fausse couche maintenant, on sera tranquille comme ça ! », « dis donc t’as perdu tes neurones depuis que t’es enceinte ? » « c’est pas mon problème que tu sois fatiguée des kilomètres en voiture ! » « t’es à côté de la plaque depuis que tu as cet haricot ! »… et j’en passe ! J’étais devenue persuadée d’être moins compétente puisqu’on me le rabâchait ! j’ai pleuré, j’ai souffert, je me suis renfermée pour qu’un jour… je craque complètement ! et pas de bol, j’ai craqué devant le médecin du travail, qui m’a illico presto renvoyé chez moi, arrêté et jugée inapte compte tenu de mon état !

Seulement voilà, je me suis dit : « ils » avaient raison de me dévaloriser puisque même le médecin du travail me déclarait inapte !! Ce mot était tellement violent à encaisser à ce moment là !

Aujourd’hui, je sais que le médecin a fait son travail, m’a arrêtée et jugée inapte pour sauver ma santé, tant physique que nerveuse, mais aussi pour sauver mon bébé ! Et grâce à cette médecin, je suis la maman comblée d’une jolie petite fille de 6 ans, ma Princesse T, mon premier combat dans ma vie de maman, ma plus belle réussite !! Mon gynécologue a été un soutien extraordinaire, ma famille, mes amis, les vrais… sans eux, je ne sais pas si j’aurai réussi à me relever de cette période sombre !

Je n’ai pas eu le courage ni la force à l’époque de dénoncer ces comportements, ni d’engager une procédure (le harcèlement moral est encore tellement tabou et tellement dur à prouver aujourd’hui !). J’ai repris mon travail à la naissance de ma fille et la descente aux enfers a continué : mise au placard, consigne d’appeler à chaque arrivée et départ de chez des bénéficiaires, remarques désobligeantes, regards dédaigneux… et bien d’autres choses encore jusqu’à ce que je craque à nouveau ! Mon bébé était né, j’aurai du retrouver grâce à leurs yeux, du moins, ça aurai du se calmer, mais non ça a continué de plus belle et je l’avoue, ça m’a détruite à ce moment là ! j’ai demandé une rupture conventionnelle de contrat, qu’on m’a d’abord refusée puis ensuite acceptée vu que ce n’était plus vivable. La DDTEFP m’a soutenu, m’a proposée d’engager des choses pour ne pas me laisser faire, mais j’étais trop fragile, trop lassée de souffrir au quotidien, je voulais juste vivre en paix ma nouvelle vie de maman !

6 ans après, coucher ces mots sur mon clavier me donne encore une boule au creux du ventre et je sens bien que les larmes ne mettraient pas trop longtemps à remonter ! Tout ça laisse des traces indélébiles ! Le temps atténue la souffrance, on se reconstruit aussi, mais on garde cette petite faille au fond de soi et surtout, on garde cette colère : ils m’ont volés les plus beaux moments de ma vie de jeune femme, ceux où on porte la vie pour la première fois, ceux où doit profiter de cette période de grâce et d’être choyée !

Alors forcément, aujourd’hui, quand ce collègue (et ex du patron), celui qui a fermé les yeux devant de agissements abominables, celui qui a changé de camp lorsque le patron et amoureux a choisi de me harceler, cette même personne m’envoie un message pour me demander comment je vais, pour me dire qu’il serai heureux d’avoir de mes nouvelles, qu’il est content de voir que je suis heureuse… et bien j’ai envie de lui crier dessus, de lui dire « fuck », de l’insulter et de lui dire méchamment « c’est bien fait si toi, tu n’es pas heureux aujourd’hui (oui parce qu’il mets ça dans le message aussi !). Puis, une fois la colère passée un peu, je me demande si il ne serai pas plus adulte de lui laisser une seconde chance, qu’il n’y a que « les cons qui ne changent pas » et que j’ai changé, grandit, qu’on ne me redonnera plus ces moments de bonheurs volés mais qu’on ne m’enlèvera plus cette force que j’ai acquise avec cette expérience de vie !

Bref, je ne sais pas, j’ai laissé ce message en suspens dans ma boite, je n’y ai pas encore répondu, je ne l’ai pas non plus supprimé. Je suis surtout décontenancée devant un tel culot.

La place de la femme enceinte dans le monde du travail est encore parfois trop souvent bafouée. Porter la vie n’a rien de magnifique pour certains employeurs, c’est même un frein à une carrière chez beaucoup trop de femme, encore aujourd’hui ! J’ai vécu avec plaisir et revanche mes deux grossesses suivantes, comme pour faire un pied-de-nez à ces personnes malintentionnées, et j’ai eu raison parce que j’ai porté la vie…. et ça, ça n’a pas de prix !!!

Pardonnez moi si il y a quelques fautes, j’avoue que c’est un article qui sort du coeur et je n’ai pas voulu revenir dessus, préférant laisser la spontanéité de cet article et du bien qu’il m’a fait. Merci d’avance de votre compréhension si vous trouvez des coquilles 😉

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6 Comments

  • Reply Libertad 29 août 2014 at 20:52

    A ta place, je me contenterais de l’ignorer. Raviver le passé n’est pas toujours une bonne idée et parfois il vaut mieux laisser certaines personnes derrière soi pour avancer.

    • Reply Mummy Addict 30 août 2014 at 11:16

      Oui je pense aussi, mais surtout en y réfléchissant, je ne saurais pas quoi lui répondre ! 😉 merci de m’avoir lue en tout cas :)

  • Reply Marine de Twinsavenue 30 août 2014 at 13:58

    Rien n’est pire que l’ignorance… Rien n’est plus blessant.. Mais quand même, j’aurais eu du mal à résister à un fuck!! Le problème c’est qu’après il risque de renchérir et que ça finisse en larme et encore plus en colère…

    • Reply Mummy Addict 30 août 2014 at 17:31

      J’avoue que le « fuck » et l’envie de me défouler m’a fortement tentée ! mais comme tu le dis, je pense fortement que l’ignorance est le meilleur des mépris ! cet article m’a surtout permis de prendre du recul face à cet évènement inattendu ! merci de ton message en tout cas :)

  • Reply Fred / Une souris Bleue 3 septembre 2014 at 19:00

    Je n’ai pas regardé les coquilles 😉
    Tu as été bien courageuse en tout cas ! Je n’imagine pas ce que ce doit être au quotidien …
    C’est tout à ton honneur de penser à donner une seconde chance mais au final quel serait ton intérêt, te sentir bien parce que tu lui aurais pardonné ? Pas sûre que ça change grand chose ans plus tard. Par contre je me dis que ça doit faire du bien de savoir que tout n’est pas rose de son côté alors que toi tu vas bien, petite vengeance personnelle qui ne fait de mal à personne :)

    • Reply Mummy Addict 5 septembre 2014 at 22:13

      J’avoue j’ai pris ses « mauvaises nouvelles » de sa vie comme une petite vengeance personnelle ! cecidit, je n’ai pas répondu et je ne donnerai pas suite, je pense qu’il est bien là où il est, c’est à dire dans mon passé ! :-) merci pour ton message, gros bisous

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